
Le Chat du Rabbin : Sfar s'adapte
Entre 2002 et 2006, Joann Sfar sortait les cinq tomes de sa bande dessinée Le Chat du Rabbin, qui ont remporté un franc succès et ont largement contribué à la notoriété de l'auteur. On oublie même souvent qu'il a écrit en parallèle les aventures de Socrate le demi-chien, équivalent canin du félidé juif philosophe.
Alger, fin des années 20 : le rabbin Sfar (doublé par Maurice Bénichou) a une fille appelée Zlabya (Hafsia Herzi), un perroquet trop bavard et un chat qui, tel le chien de Columbo, n'a pas de nom. Lorsque ce dernier becquète le perroquet, il se trouve soudainement doté de la parole (en l'occurrence, la voix de François Morel), et en profite pour exprimer ses vues sur le judaïsme, ainsi que son désir d'être l'amant de sa maîtresse. La situation se complique encore davantage à l'arrivée d'un Juif russe idéaliste, dont le look évoque irrésistiblement une version adulte du Petit Prince (d'ailleurs, Sfar a donné sa version de l'histoire de Saint-Exupéry en 2008).
Une fois plantés les personnages principaux, le film constitue essentiellement une adaptation du cinquième et dernier tome de la BD, Jérusalem d'Afrique. Faisant la part belle au voyage initiatique de son homonyme rabbin (et de son autre homonyme cheikh !), Sfar le cinéaste délaisse l'histoire de Zlabya pour privilégier l'aventure cocasse, et le dialogue vivifiant sur la religion, les cultures, la tolérance… En gros, c'est l'histoire d'un Juif arabe, d'un juif russe, d'un musulman et d'un tsariste (et d'un chat) dans une autochenille. Ils croiseront, entre autres, un prince arabe doté de la diction affectée de Mathieu Amalric, et un sosie de Tintin, sans perdre de vue l'objectif de leur quête : un lieu où tout le monde peut vivre en bonne intelligence. Après tout, le rêve est permis dès lors que les chats parlent.
Afin de garder une certaine objectivité dans son travail d'auto-adaptation, Joann Sfar s'entoure d'une coscénariste et d'un coréalisateur (l'art de l'animation requiert un spécialiste), mais reste cantonné aux limites de l'exercice : il raconte une même histoire pour la seconde fois. Le résultat possède moins de panache que Gainsbourg vie héroïque, bien qu'on note quelques similitudes entre les deux films (notamment les "degrés de sfarisation" des personnages, selon le niveau d'onirisme des scènes) ; mais la carrière cinématographique du bonhomme semble néanmoins en bonne voie, comme celle de son confrère Pascal Rabaté qui vient lui aussi de sortir un deuxième film en deux ans (Les petits ruisseaux, Ni à vendre ni à louer).
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1 commentaires
Loïc Massaïa
14/11/2012 à 12h20Répondre
Vu à l'instant.
C'est pas si mal en fait, je sais pas pourquoi je m'attendais à plus ennuyeux. Ca aurait pu être plus "dynamique", il y a quelque chose au niveau du rythme qui passe moyen, mais c'est dur à expliquer et certainement subjectif.
En tout cas, j'ai pas trouvé ça très beau visuellement et mes seules réserves (mis à part le rythme) sont sur le doublage, pas toujours à la hauteur.
Par rapport à la co-scénariste cité dans la critique, c'est Sandrina Jardel, la compagne (femme?) de Joann Sfar. Il n'est pas allé la chercher bien loin.