6/10Chambre 1408

/ Critique - écrit par riffhifi, le 21/12/2007
Notre verdict : 6/10 - Chambre avec vue sur la mort (Fiche technique)

Tags : chambre film king stephen mike game escape

Stephen King se répète, mais le film est suffisamment bien fait pour filer quelques bonnes chocottes. Par contre, n'espérez pas un "Samuel L. Jackson show"...

Les adaptations cinématographiques et télévisées des œuvres de Stephen King se comptent par dizaines depuis Carrie en 1976. Le bonhomme fait partie de ces auteurs qui voient les droits de leurs livres achetés par Hollywood dès leur sortie, avant même leur inévitable succès dans les rayons des librairies. Pourtant, force est de constater que le maître de l'horreur a depuis longtemps fait le tour de son répertoire, et qu'il le décline désormais avec l'habileté lassée d'un chef d'orchestre qui se farcirait la Chevauchée des Walkyries pour la 504ème fois. En gros, l'histoire d'un écrivain qui devient fou, on a l'impression d'avoir déjà vu/lu ça quelque part.

Mike Enslin (John Cusack) est un auteur de « guides de l'horreur » dans lesquels il répertorie les hôtels qui jouent d'un passé glauque pour louer leurs chambres aux amateurs de sensations presque fortes. Jusqu'au jour où il découvre l'existence de la chambre 1408 du Dolphin Hotel à New York, une chambre que le manager de l'hôtel Gerald Olin (Samuel L. Jackson) déclare inaccessible depuis des années, suite aux dizaines de morts qu'elle a causé. Pour tout dire, personne n'est jamais resté vivant plus d'une heure dans cette chambre...

1 + 4 + 0 + 8 = 13

Tu veux un livre ou tu veux ma photo ?
Tu veux un livre ou tu veux ma photo ?
Première arnaque : l'affiche. On vous promet un face-à-face John Cusack / Samuel L. Jackson, alors que le deuxième n'a qu'un rôle très mineur dans le film, pas plus développé que celui de Tony Shalhoub en éditeur. Le seul vrai personnage du film, c'est l'écrivain campé par John Cusack.
Deuxième arnaque : le scénario n'est pas tiré d'un roman mais d'une nouvelle. Comprenez-bien la nuance : le concept tient facilement dans un court ou un moyen métrage mais présente des signes de flottement dans un long. L'exposition est un peu lourdingue (à vrai dire, le rôle de Samuel L. Jackson aurait presque pu disparaître au montage !), et les péripéties sont parfois répétitives.

Passé ces faiblesses, le film se révèle plutôt efficace dans sa tentative d'instaurer le malaise et la peur. D'abord confronté à quelques phénomènes étranges, Enslin Avec ma chance, je vais croiser Jack Nicholson...
Avec ma chance, je vais croiser Jack Nicholson...
s'enfonce progressivement dans un délire oppressant à la logique de cauchemar, confronté qu'il est à ses propres démons. Le procédé peut paraître galvaudé (il l'est), mais il procure régulièrement de vrais morceaux de trouille faisant appel aux angoisses les plus instinctives de l'être humain. Pour autant, on n'échappe pas à l'envie de comparer le film à Shining (un écrivain, sa famille, un hôtel, la folie), une référence de l'horreur que le pauvre Mikael Hafström n'a pas les moyens de talonner ici. Reste un personnage de méchant original bien que pas inédit (« an evil fucking room », comme le dit si bien Samuel L. Jackson), et l'occasion de sursauter franchement à plusieurs reprises ; une alternative satisfaisante au train fantôme si la Fête à Neuneu n'est pas de passage dans votre ville.

On notera par ailleurs que le film est lui-même affligé d'une malédiction bénigne : une minute après avoir quitté la séance, mes deux lacets étaient défaits. Sacré Stephen King.