Cadavres à la pelle : Burke & Hare crèvent l'écran depuis 1939

/ Dossier - écrit par riffhifi, le 21/07/2011

William Burke et William Hare, outre leur prénom, partagent un business morbide : ils assassinent des innocents pour vendre leurs corps au docteur Knox. Une histoire vraie qui a déjà inspiré nombre de cinéastes avant John Landis.

Son dernier film pour le cinéma, c’était en 1998 (Susan a un plan). Pourtant, le John Landis des Blues Brothers et du Loup-Garou de Londres a décidé de reprendre les armes (qu’il se contentait d’utiliser à la télévision) pour une nouvelle adaptation des méfaits du duo Burke & Hare. Son film est retitré chez nous Cadavres à la pelle, et devrait permettre de raviver le souvenir de certaines versions précédentes…

Cadavres à la pelle : Burke & Hare crèvent l'écran depuis 1939
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William Burke et William Hare, deux sinistres individus qui sévirent à Londres en 1828, étaient chargés par le Dr Robert Knox (rien à voir avec le docteur Knock de Jules Romains) de trouver des organes humains en bon état. Pour mener à bien cette besogne, les deux zouaves équarrissaient de pauvres quidams pour leur prélever des membres bien frais. Burke fut pendu en 1929, et Hare gracié après avoir accusé son compère d’être le cerveau de l’opération ; on ignore si Knox était au courant de leurs agissements, mais il fut tenu à l’écart du procès.

Up the close and down the stair,
But and ben with Burke and Hare.
Burke’s the butcher, Hare’s the thief,
Knox, the boy who buys the beef.

La sinistre anecdote ne tarde pas à inspirer chansons, poèmes et nouvelles. En 1884, Robert Louis Stevenson y fait clairement allusion dans sa nouvelle The Body Snatcher, bien que les personnages soient changés en médecin et renommés MacFarlane et Fettes. L'adaptation cinématographique qu'en tire Robert Wise en 1945, appelée chez nous Le récupérateur de cadavres, réunit deux monstres sacrés qui ne tiennent pourtant pas les rôles-clés : Boris Karloff et Bela Lugosi.

En 1939, The Anatomist est le premier film à représenter Burke et Hare à l'écran ; il connaîtra un remake en 1956, mais aucune des deux versions ne marque les esprits. Quant au film d'Oswald Mitchell The Greed of William Hart (1948), initialement appelé Crimes of Burke and Hare, il se vit interdire d'utiliser les noms des deux fripouilles, remplacés in extremis par Hart et Moore.


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La première péloche mémorable consacrée au duo date de 1960 : L’impasse aux violences (The Flesh and the Fiends), réalisé par John Gilling pour la petite société anglaise Triad Productions (et non Hammer Films, comme on pourrait le croire), réunit Peter Cushing en Dr Knox, Donald Pleasence en Hare et George Rose en Burke.

Au cours des années 60, on croise les deux personnages dans un épisode de La Quatrième dimension, et dans un autre de The Alfred Hitchcock Hour (un dérivé de la série Alfred Hitchcock présente).

En 1971, c'est dans Dr Jekyll & Sister Hyde (avec Ralph Bates et Martine Beswick en homme-femme) qu'on les retrouve à nouveau, avec Ivor Dean en Burke et Tony Calvin en Hare. Leur présence ici est hautement fantaisiste, puisqu’ils étaient morts depuis soixante ans lorsque Jack l’Eventreur se mit à sévir à Whitechapel (en 1888, date des évènements du film). L'année suivante, c'est un film plus réaliste mais bien moins médiatisé que sort Vernon Sewell, sous le simple titre Burke & Hare.

Le docteur et les assassins (The Doctor and The Devils) est réalisé en 1985 par Freddie Francis avec l'usage de noms alternatifs en lieu et place des vrais : Rock au lieu de Knox (Timothy Dalton), Robert Fallon au lieu de William Burke (Jonathan
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Pryce) et Timothy Broom au lieu de Hare (Stephen Ray). Comme dans L'impasse aux violences (à qui il dispute le titre du film le plus populaire consacré au sujet), le projecteur est braqué sur le médecin davantage que sur les deux meurtriers.

Depuis 1985, Burke et Hare se sont tenus à l’écart des écrans, mais ont fait l’objet du livre Grave Robbers (Robin Mitchell, 1999).

Bien qu’ils ne soient pas cités nommément, l’ombre de Burke & Hare plane également sur bon nombre de films d’horreur, notamment sur les déclinaisons de l’histoire de Frankenstein : le serviteur Karl tue une passante pour son cœur dans La fiancée de Frankenstein (James Whale, 1935), on croise deux olibrius qui se livrent à la profanation de sépulture dans La revanche de Frankenstein (Terence Fisher, 1958), et l’équivalent "solo" du duo se retrouve dans Les horreurs de Frankenstein (Jimmy Sangster, 1970) et le dernier volet de la Hammer, Frankenstein et le monstre de l’enfer (Terence Fisher, 1973).

Aujourd'hui, Burke & Hare de John Landis, produit par les mythiques studios anglais Ealing (auxquels on doit les comédies d'Alec Guinness), met en scène Simon Pegg (Burke) et Andy Serkis (Hare), ainsi que Tom Wilkinson (Dr Knox), et les "guest stars" de choix Tim Curry et Christopher Lee. On note que le titre français est curieusement apparenté à celui d'un téléfilm de 1991 avec Jean Lefevbre : Des cadavres à la pelle. Sortie en France le 31 août 2011.