5/10La Beuze

/ Critique - écrit par Nicolas, le 05/02/2003
Notre verdict : 5/10 - « I Will Always Love Youuuuuuuuuuuuun...... » (Air connu) (Fiche technique)

« I Will Always Love Youuuuuuuuuuuuun...... » (Air connu)

Qui pourrait se vanter d'avoir échappé au typhon cathodique qu'est Michaël Youn ? Peut-être quelques allergiques au petit écran lumineux, cloîtrés chez eux à lire et relire Guerre et Paix de Tolstoï et fuyant la radio comme la peste. Pour peu qu'ils fréquentent occasionnellement le cinéma, ils pourront rejoindre le rang des initiés. Oui, difficile il fut d'échapper à Youn et son désormais cultissime Morning Live, version un peu trash de télématin surtout ciblée ado. Car si la bêtise était une page, Michaël Youn serait l'encyclopédie Universalis ! Propulsé en nouvelle star du petit écran, Youn fait trembler les couche-tard armé de son mégaphone, hurlant à qui veut l'entendre et surtout à qui ne veut pas l'entendre "Moooooorning Liiiive !! L'émission qui réveille tes.. VOIIIISIIIIIINS !!".
En pleine gloire, idole de la classe adolescente, Youn abandonne pourtant son émission-phare pour d'obscures raisons, sans pour autant perdre son énergie. Il crée, avec ses deux compères du Morning Live Vincent et Benjamin, les Bratisla Boys, un boy's band issu de l'est venu envahir l'Europe avec leur tube Stach Stach. Succès phénoménal. Peut-être même trop phénoménal. Car si le Stach Stach est un petit délire amusant, l'évènement qu'il crée le rend ridicule et discrédite les bons sentiments de Youn. Pourquoi avoir poussé le vice jusqu'à concevoir un album complet ?
Seulement, Michaël Youn n'en a pas fini. Parallèlement à son one-man-show Pluskapoil, qui cartonne évidemment, quelques teasers annoncent la sortie de son film La Beuze. C'est aussi une sacrée occasion pour Youn de reprendre le micro, avec son personnage de Alphonse Brown, en inventant le Frunkp, mix entre le rap et le funk. Un single vraiment de qualité, bien meilleur musicalement que le Stach Stach, pour sûr.
La Beuze, c'est une quantité astronomique d'herbe à fumer que mettent à jour Scotch Bitman (Vincent Desagant) et Alphone Brown (Michaël Youn), dans un vieux bunker nazi près du Havre. Convaincu d'être le fils caché de James Brown, Alphonse décide de revendre les lingots de drogue douce à Paris pour financer sa carrière musicale, et propulser sur le marché son soi-disant tube Le Frunkp. Une idée qui tiendrait la route, si elle n'était pas semée d'embûches : un parrain de la drogue un peu trop revenchard, un Allemand sanguinaire, et un flic (Lionel Abelanski) un peu trop carré...

Et ce n'est que la version potable du scénario. Il est alors inutile de préciser que le film a été écrit pour n'être que le théatre des facéties de Youn et de son acolyte. Pas de tromperie, on a ce qu'on attendait : un pur délire de 1 h 30 avec pour seule ambition de faire rire le spectateur. Bourré de guest stars comme Catherine Benguigui, Kad, Gad Elmaleh, saupoudré de références cinématographiques évidentes (principalement Wayne's World), La Beuze atteint son objectif en ramant un peu parfois, mais sans jamais pousser le bouchon trop loin. Certes, les habitués riront plus que les autres, mais c'est un peu notre lot à tous (c'était la partie philosophie n°1 de la critique). Mais devant la demande express d'un bilan, ma réponse serait évasive voire mitigée. Outre des qualités comiques évidentes, La Beuze n'est finalement qu'une succession de petits sketchs qui souffre évidemment de son passage sur grand écran. Réalisation également moyenne, mais utilisant judiceusement la bande originale, et pas dénuée d'idée (les passages en "trip" sont hilarants).
Michaël Youn gagne son statut de comique à part entière en réalisant un impressionnant palmarès de succès remportés, en télévision, en musique, en scène, et maintenant au cinéma. Fidèle à son esprit décalé, La Beuze a pour unique souhait de divertir les curieux l'approchant, tâche qu'il accomplit correctement mais non sans mal, si l'on considère un public réceptif. Un nouveau et inévitable succès, qui sacrera le talent de cet acteur complètement frappé. Un bouffon devenu Roi, en somme (c'était la partie philosophique n°2 de la critique).