6.5/10Bataille à Seattle

/ Critique - écrit par nazonfly, le 16/05/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Guerre d'optichiens (Fiche technique)

Tags : seattle film bataille stuart townsend cinema theron

Affrontements idéologiques entre altermondialistes et l'OMC mélangés à la petite histoire de quelques acteurs de ces manifestations : une bien étrange mixture.

S'il fallait résumer Bataille à Seattle, une phrase issue du film conviendrait parfaitement. « Avant personne ne savait ce qu'était l'OMC. Aujourd'hui, personne ne sait ce qu'est l'OMC, mais tout le monde sait que c'est le mal. ». Car dans Bataille à Seattle, le grand méchant est trouvé : l'Organisme Mondial du Commerce qui a créé les bases de l'homme exploitant l'homme.

Concours de mégaphone
Concours de mégaphone
Les événements décrits dans le film se déroulent pendant le sommet de l'OMC de 1999 à Seattle, un sommet qui a vu s'affronter les militants anti-OMC et la police. Stuart Townsend n'oublie pas de mentionner au début que les personnages sont purement fictionnels, mais que bon quand même ils auraient pu exister alors hein... Le film s'offre une plongée dans ces manifestations par différents regards, de celui du maire de la ville à ceux des militants, du point de vue d'un membre de Médecins Sans Frontières à un policier et sa femme enceinte. Autant de points de vue différents, autant de façons d'aborder le problème ? Pas tout à fait, puisque l'ensemble reste bien manichéen avec d'un côté les joyeux altermondialistes pacifistes (à peine troublés par quelques vilains casseurs) et de l'autre les affreux puissants. Le personnage principal du film, Jay, arrive même à dépasser sa bonté naturelle en devenant un martyr et allant même jusqu'à pardonner son bourreau. On n'a jamais été aussi près du « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » Pourtant, on sent que le réalisateur a voulu intégrer quelques personnages grisâtres dans le film, comme le maire ou le flic joué par
Woody Harrelson. Mais, pour une raison inconnue, il a décidé de ne faire les choses qu'à moitié et chacun trouvera sa vraie place sur l'échiquier, côté noirs ou côté blancs.

Hé toi là-bas, te moque pas d'Eddie Murphy !
Hé toi là-bas, te moque pas d'Eddie Murphy !
Mais ce qui est le plus gênant dans le film, c'est que plus que les raisons du conflit, plus que les idées véhiculées par les opposants, on se consacre finalement surtout à la petite histoire de chacun et aux démons et tourments propres à l'être humain. Jay et Lou vont-ils tomber amoureux ? Charlize Theron pardonnera-t-elle à Woody Harrelson ? Bien sûr la toile de fond des émeutes est toujours présente, mais on aurait aimé que soit développé un peu plus ce qui est censé être le coeur du film. Mais ne soyons pas trop mauvaise langue. Le film aborde, tout de même, ça et là, le problème de la représentativité des pays pauvres à l'OMC, la question du type d'engagement utile pour faire avancer les choses. Mais ces quelques pistes de réflexion ne sont qu'à peine effleurées puisque ce qui est important c'est l'histoire de ces gens qui se croisent ou qui s'affrontent. Ce qui est important aussi, c'est de bien finir le film par un happy end avant de faire des remarques sur l'évolution de la situation. Pas beaucoup de surprise de ce côté-là malheureusement. Au contraire du mélange d'images d'archive et d'images tournées qui rend souvent très bien la tension entre les manifestants et la police, cet instant où les deux camps se font face en attendant qu'il se passe quelque chose.

Coincé entre un repas au MacDo, une pub pour Coca et le téléphone portable à rallumer, tous symboles de notre société de consommation, Bataille à Seattle est l'un de ces films qui donnent envie de se renseigner plus sur le monde qui nous entoure et sur les tenants et aboutissants des différentes organisations et mouvements. Avant d'oublier ces bonnes résolutions dès le lendemain évidemment. Comme une espèce de réveil citoyen au milieu de la nuit.