3/10Les Autres

/ Critique - écrit par camite, le 17/05/2004
Notre verdict : 3/10 - Le mauvais goût des autres (Fiche technique)

Lors de la seconde guerre mondiale, dans un immense manoir d'une contrée quelque peu indéfinie, Grace (Nicole Kidman) élève seule ses deux enfants depuis les départs de son mari pour le front et de ses domestiques pour on ne sait où. Problème supplémentaire : les deux enfants en question souffrent d'une étrange maladie qui les rend inexposables à la lumière du jour, ce qui les empêche de sortir et oblige leur mère à prendre toutes les précautions possibles pour que la lumière ne filtre jamais au mauvais endroit. La bonne nouvelle, c'est que de nouveaux domestiques viennent frapper à la porte du manoir. La mauvaise, c'est qu'au même moment une présence inquiétante commence à frapper un peu partout dans la maison, et surtout là ou c'est censé faire peur.

Pour sa première sortie américaine, l'espagnol Alejandro Amenabar est resté fidèle à ses méthodes (en plus de la mise en scène, il signe le script et la musique du film) et à ses techniciens avec lesquels il avait déjà travaillé sur Tesis et Ouvre les yeux. La nouveauté, c'est le miracle hollywoodien qui s'en est chargé. Repéré par Tom Cruise (qui joue et produit Vanilla Sky, le remake d'Ouvre les yeux), Amenabar obtient les moyens de ses ambitions et la présence de la définitivement très classe Nicole Kidman. Un bémol toutefois : Les Autres arrive après Sixième Sens de M.Night Shyamalan et l'analogie entre les deux films ayant déjà été relayée par une bonne partie de la presse, le suspense ne tient plus qu'à moitié, ce qui est d'autant plus embêtant quand on sait qu'à l'instar des précédents films d'Amenabar, le principal de l'intérêt du film tient justement dans la révélation qui survient dans les dernières minutes. Ladite révélation devant nous faire dire « ah, ça alors, on s'est bien fait avoir ! ». Raté, car même sans avoir vu Sixième Sens, le gros du morceau peut se deviner aisément au bout d'une heure (sur les deux que dure le film). Un personnage trop figuratif par ici, une aberration par là... le scénario est loin d'être aussi solide que la mise en scène, qui révèle effectivement un ou deux moments d'angoisse intense, ou que la performance de Nicole Kidman, hitchcockienne en diable. Bien dommage, donc, que ces qualités soient étouffées par la lourdeur de certains dialogues (la domestique annonçant à l'héroïne — et par la même occasion au spectateur, comme c'est subtil ! — qu' « il va y avoir encore des surprises ») ou « messages » (bouh, pas bien l'éducation catholique). Tant qu'à voir une histoire de dimensions parallèles, préférez donc Donnie Darko.