7/10Augustine

/ Critique - écrit par Hugo Ruher, le 06/11/2012
Notre verdict : 7/10 - L'histoire d'une sorcière devenue humaine. (Fiche technique)

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Dans les années 1870, le professeur Charcot a révolutionné la médecine en portant un regard neuf sur le phénomène de l’hystérie. Avant ça, les femmes atteintes de ce mal étaient considérées au mieux comme des simulatrices dérangées, au pire comme des possédées à exorciser. C’est le point de départ qui a inspiré le film d’Alice Winocour, Augustine.

Les travaux de Charcot et ses méthodes pour faire reconnaitre l’hystérie comme une vraie maladie sont connus, c’est pourquoi la réalisatrice préfère consacrer davantage d’intérêt, non pas à la science elle-même mais à la patiente et à sa relation avec le médecin. Le film nous plonge donc dans l’intimité du personnage-titre interprété par Soko et dans l’évolution de ses rapports avec Charcot incarné par Vincent Lindon. Cherchant au-début désespérément à attirer son attention, la jeune Augustine va prendre au cours du film de plus en plus de place dans la carrière et la vie du médecin.

 


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C'est l'histoire d'un médecin et sa patiente...

Dès la première scène, on est plongé dans un quotidien et une ambiance très angoissante avec une violente crise d’hystérie d’Augustine, magistralement retranscrite par la jeune Soko qu’on connaissait davantage en tant que chanteuse. Après une telle introduction un peu secouante, on est amené directement dans l’hôpital de la Salpetrière avec ses patients nombreux et son personnel complètement détaché. Il est alors frappant de voir la condition de ces femmes jugées folles à qui aucun soin n’est vraiment apporté, si ce n’est par le professeur Charcot, le seul espoir des malades pour sortir de leur enfer.

Comme on pourrait s’y attendre, surtout venant d’une histoire vraie, le scénario ne fait pas de grandes envolées. Tout en question d’évolution, que ce soit dans la maladie d’Augustine ou dans l’ambiguïté de sa relation avec Charcot. Les scènes les plus fortes se situent soit dans les crises d’Augustine, toujours impressionnantes, ou alors dans les discussions avec Charcot, qui le plus souvent font l’économie de mots en faveur des regards.

 


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... et c'est tout.

Le point fort est alors avant tout le soin apporté aux personnages, qui se révèlent tour à tour fermés, sensibles, hostiles, notamment Charcot qui évolue au contact de sa patiente durant le film. Augustine, elle, dévoile au fur et à mesure une personnalité à laquelle on ne s’attendait pas, même si cette « transformation » se fait d’une manière un peu brusque et soudaine.

Il s’impose bien sûr dans un tel film de saluer la performance des acteurs principaux, avec une Soko qui a dû, on le devine, subir une expérience très éprouvante pour jouer ce rôle, et un Vincent Lindon toujours impeccable dans son personnage peu expressif et bougon qu’on lui connait si bien. Par contre, le scénario se concentre vraiment sur ces deux-là et délaisse les seconds rôles beaucoup plus en retrait. Le pire est alors le personnage de la femme de Charcot, qui lance des pistes de développement finalement complètement oubliées, avec en plus un jeu à peine survolé par Chiara Mastroianni qu’on a connue en meilleure forme.

Mais malgré ces défauts et une fin en queue de poisson après un scénario statique, le film se laisse suivre et renseigne vraiment sur la vision de l’hystérie au XIXème siècle. L’intérêt se situe alors davantage dans la représentation des conditions de vie des malades, et aussi dans l’intensité du jeu d’acteur des personnages principaux. Une œuvre forte, qui aborde un sujet délicat et dérangeant, mais qui manque d’un petit quelque chose dans la construction du scénario et dans le développement des intrigues annexes pour être vraiment marquante.