7/10Anna M.

/ Critique - écrit par riffhifi, le 20/05/2007
Notre verdict : 7/10 - Isabelle Carré ne tourne pas rond (Fiche technique)

Tags : film anna isabelle drame michel spinosa femme

Après Emmène-moi en 1995 et la sympathique Parenthèse enchantée en 2000 avec Vincent Elbaz, le peu prolifique Michel Spinosa se penche sur le sujet de l'érotomanie. En deux mots : Anna aime.

Anna (Isabelle Carré) est célibataire et vit avec sa mère. Mais un jour, elle tombe amoureuse de André Zanevsky (Gilbert Melki), médecin et homme marié. Ce qui pourrait n'être qu'un béguin déçu se transforme vite en obsession animée d'illusions délirantes, et Anna se met à harceler jour et nuit l'objet de son désir.

Il y avait matière à tourner une comédie : une femme poursuit de ses assiduités un homme qui ne lui demande rien, elle interprète le moindre de ses mouvements comme un signe d'encouragement et lui fait des crises de jalousie dès qu'il s'adresse à une de ses collègues. D'ailleurs, la première partie du film fait sourire fréquemment, usant habilement de ce décalage entre une Isabelle Carré passionnée et un Gilbert Melki blasé qui cherche à prendre ses distances.
Cependant le but de Michel Spinosa n'est pas de raconter cette relation impossible, mais de suivre le processus mental de Anna, à travers les différentes phases classiques de l'érotomanie. Chaque phase est d'ailleurs annoncée par un panneau : Illumination, Espoir, etc. On est ainsi en mesure de suivre la descente aux enfers de cette femme qui s'enferme lentement dans son monde intérieur, jusqu'à ne plus avoir la capacité de faire la différence entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l'est pas.
Sans violon excessif, sans pathos exagéré, Anna fait d'autant plus de peine qu'on aimerait la voir heureuse. La folie n'est pas une condition à laquelle on aime être confronté, et les réactions des gens qui entourent le personnage sont assez pertinentes. Le jeu d'Isabelle Carré, récompensée d'un César en 2003 pour Se souvenir des belles choses, est impeccable : tour à tour touchante et hystérique, elle incarne une femme-enfant à laquelle il est facile de s'attacher malgré sa folie galopante.

Dommage alors, après un beau parcours de 1h30, que la fin soit bradée, négligeant une portion non négligeable de l'histoire pour sauter à une conclusion un peu facile. Anna M. reste un bon film, traitant son sujet avec délicatesse, sur la corde raide entre l'humanité et la description clinique.