6.5/10Aliens vs. Predator : Requiem

/ Critique - écrit par Lestat, le 03/01/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Mauvaise alien du matin, Predator le lendemain (proverbe klingon) (Fiche technique)

Tags : predator aliens film alien requiem ray avis

Tiens, voilà du bourrin.

Avec le recul, outre quelques indéniables qualités cinématographiques et une certaine sincérité, nous pouvons reconnaître un mérite à l'Alien VS Predator de Paul Anderson : celui de s'être escrimé à construire un fond, un univers et un scénario, certes en dépit d'une cohérence globale avec les deux franchises à laquelle il prétendait se rattacher. Le réalisateur s'y est cassé les dents, mais au moins, il a essayé. Cet entrefilet "avocat du diable" n'a pas pour but de réhabiliter ce premier volet, dont on ne peut nier les fautes de goûts, le manque de pugnacité et la frustration qu'il suscite, mais force est de constater que, tout en lui étant supérieur, Aliens Vs Predator Requiem le fait gagner en sympathie. D'une part, contrairement aux frangins Strause, Paul Anderson n'a jamais prétendu faire mieux qu'un autre. D'autre part, AVPR évolue dans le registre bourrin-crétin avec une aisance qui force le respect. Reste, et c'est là tout le paradoxe de la chose, que si il fallait faire un choix entre la frilosité soignée de Paul Anderson et le rentre dans le lard bancal des Frères Strause, on est en droit de préférer cette dernière approche.

(attention, danger de se faire spoiler) 

AVPR se raccorde à la fin du premier volet et prend place à bord d'un vaisseau Predator, qui s'écrabouille comme une grosse crêpe en plein Colorado. S'en extirpent des parasites aliens qui entreprennent de trouver des porteurs. Devant le désastre et en bon fan de Pulp Fiction, le grand Manitou des Predators s'improvise Monsieur Wolf et s'en va faire le ménage à coups de canons et de super-Destop. Pendant ce temps, un ex-taulard revient en ville pour se ranger des voitures et un livreur de pizza tente de conquérir une bimbo casée avec un homme de Cro-Magnon. Voila. C'est n'importe quoi et ça ressemble étrangement à Critters 2, seulement, pour une fois qu'on nous offre la bagarre tant attendue, on ne va pas la rejeter.

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Scoop : les aliens
pratiquent le missionnaire !
(20th Century Fox)
S'il fallait relier Aliens Vs Predator : Requiem à son prédécesseur, ce dernier ferait office d'épisode d'exposition, avant que les choses sérieuses ne commencent. L'humain, et c'est tant mieux, n'a ici plus sa place. Les quelques terriens présents à l'écran, tous taillés à la serpe et définis en quelques phrases bien senties dans le plus pur esprit série B, ne semblent exister que pour finir déchiquetés ou combler l'écran entre deux bagarres. D'ailleurs s'il fallait trouver un héros dans l'affaire, ce serais sans doute le Predator. Un choix à double tranchant : là où Paul Anderson mettait les créatures sur un pied d'égalité, afin de ne s'attirer le courroux d'aucun fan de l'une ou de l'autre, les frères Strause prennent clairement parti. Et ça, les fans d'Alien le sentiront sûrement passer. Si l'on peut trouver une certaine logique à ce que le monstre de Giger reste dans l'ombre -soyons désinvolte, accordons leur que c'est dans la grande tradition de sa saga...-, le Predator a tous les honneurs : plans iconiques, arsenal inédit (préparation à la Rambo en prime…), petit détour par sa planète (quelques images, soit des miettes qu'on nous jette...) et surtout, position de force. Seul contre tous, le Predator passera le plus clair de son temps à liquéfier des xénomorphes, ces derniers devant se rabattre sur l'humain pour assurer le spectacle le temps de quelques tueries dégoulinantes faisant montre d'un anticonformisme joyeux.

A l'arrivée, AVPR est une sorte de foutoir jouissif où l'on meurt dans tous les sens possibles. Un plaisir brut vecteur de sourires béats, qui camoufle tant bien que mal des défauts réels que l'on aurait sans doute moins pardonnés à un film moins généreux. Si les amateurs des deux franchises apprécieront divers clins d'oeils et marques de respect, on ne peut par exemple que sortir mitigé du traitement fait au Predator, évoluant ici tel une sorte de psychopathe tuant tout ce qui lui tombe sous la main, tellement lointain du chasseur des débuts. De même, le fameux hybride Predalien se retrouve à la limite de la sous-exploitation. Ceci n'étant jamais que du cinéma, ces broutilles ne méritent pas vraiment l'opprobre, alors que le plus gros malaise vient d'un final tellement maladroit qu'il en devient douteux, car légitimant, inconsciemment ou non, l'assassinat pur et simple d'une population entière de civils. Comme quoi dans la réalité des choses, il y a toujours lieu de trouver plus effrayant qu'une ballade sur LV-426...

Au-delà de ces considérations, AVPR risque donc de devenir un incontournable de soirées pizzas-bières et il est rassurant de voir que la saga Alien Vs Predator va en s'améliorant même si, une fois n'est pas coutume, il aurait été appréciable de trouver de la cervelle ailleurs que sur les murs. Rhooo, jamais content....