7/10Les Ailes Pourpres : le mystère des flamants

/ Critique - écrit par Guillaume, le 03/12/2008
Notre verdict : 7/10 - Flamants grandioses, mais lents (Fiche technique)

Le nouveau label de production DisneyNature ouvre sa propre voie de films animaliers en nous proposant une envolée vers un paysage incroyable et des flamants époustouflants de couleurs.

Le lac Natron, situé dans le nord de la Tanzanie, en Afrique, non loin de la frontière avec le Kenya, est un lieu extraordinaire. On y a pied partout, et souvent seule une poignée de centimètres sépare le fond de la surface. Au cours de l'année, son aspect change du tout au tout. Reflétant totalement le ciel, bordé par un volcan encore en activité et s'ouvrant sur un décor de montagnes verdoyantes, il cède peu à peu la place à un aspect blanc : une couche de sel se forme à sa surface, puis, avec le dégel, l'accrétion des cristaux forme une île de plusieurs kilomètres de surface. Le lac Natron
Le lac Natron
Avec des températures pouvant atteindre les 70 degrés, s'y baigner ne relève pas de la sinécure, d'autant plus que le sel joue son rôle abrasif à merveille.
C'est de cet espace pour ainsi dire totalement vierge de la présence des hommes que Matthew Aeberhard et Leander Ward sont tombés amoureux, au point de vouloir lui consacrer un film. En observant les flamants nains (une espèce de flamants qui présente des couleurs plus vives que celles que l'on a l'habitude de croiser dans nos zoos) se rassemblant sur le lac Natron pour s'accoupler puis pondre, ils ont décidés que ces derniers feraient d'excellents acteurs pour leur film.
Avec l'aide de Mélanie Finn, un scénario est monté dans lequel on suit un flamant de sa naissance à l'âge adulte. Il ne restait plus qu'à tourner les images collant au script. Tâche difficile qui nécessita une année complète de prise de vue dans un environnement certes vierge, mais peu confortable, voire même hostile.

Le résultat, au final, est plutôt probant. Les Ailes Pourpres : le mystère des flamants focalise sa caméra sur une troupe de flamants prenant pied sur le lac Natron afin d'entamer sa reproduction. Du premier bal pour chercher un partenaire jusqu'à la naissance d'un petit, puis des premiers pas jusqu'à l'envol, le flamant nous est dévoilé dans toute sa beauté et son impuissance face à l'adversité.
Coin ? Hum. non !
Coin ? Hum. non !
La fusion des images pour la plupart sidérantes de beauté, à tel point qu'on se demande pourquoi on reste sur son siège au lieu de prendre sans attendre un avion pour la Tanzanie, et de la musique du groupe The Cinematic Orchestra forme quelques savoureux moments de spectacle, notamment à travers une danse des flamants où les couleurs vives et les mouvements saccadés des cous et des becs s'allient avec brio à la musique pour former la plus belle scène du film. Un véritable ravissement pour les yeux et les oreilles.

Par la suite, le film semble peiner à trouver son nid.  L'intention des auteurs est de proposer une plongée dans le monde des flamants et non pas une explication zoologique, de conserver des zones d'ombres. Susciter l'envie et le désir plutôt que de placer un point final.
Ce voeu, certes sincère, semble être seulement à demi réalisé. On sort effectivement de la projection en ayant entraperçu un monde étonnant et incroyable, mais, on a surtout compris les choses par le truchement de la voix off plutôt que par la seule observation.
Pourtant, les paroles savent par moment se montrer poétique, peut-être de façon trop insistante, et trop peu souvent.
Les flamants, s'ils passionnent véritablement, sont finalement assez peu acteurs et parviennent à lasser apres les trois premiers quarts d'heure d'observation. Autant le sel de l'aventure, voire même la terreur et la pitié sont présents quand les Marabouts, oiseaux à l'apparence presque monstrueuse, s'invitent à la fête et tuent les petits flamants par dizaines, voire centaines, autant ces derniers sont assez énervants dans leurs évolutions maladroites et répétées. 

Bien que le souffle aventurier soit renouvelé de temps à autre, le film reste dans un cadre assez balisé, celui du documentaire propulsé à l'image et la musique de qualité. Les codes cinématographiques ne sont pas assez poussés et maîtrisés, preuve en est la fin de l'histoire qui a bien du mal à trouver sa place, après de nombreuses fausses alertes qui auraient chacune pu clore de bonne façon le film.

Ne boudons pas notre plaisir, on aurait aimé un peu moins d'académisme, plus de vie et de péripéties, mais les flamants et l'environnement du lac Natron sont tellement hors du commun qu'ils justifient à eux seuls de jeter un oeil attentif aux Ailes Pourpres.