7.5/10A.I. Artificial Intelligence

/ Critique - écrit par Nicolas, le 31/10/2001
Notre verdict : 7.5/10 - Kubrick l'a rêvé, Spielberg l'a fait. (Fiche technique)

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Attendu Impatiemment. Cela pourrait être une traduction de AI, le nouveau film de Spielberg, ultra-médiatisé puisqu'il s'agit d'un projet inachevé de Stanley Kubrick. Une oeuvre qui porte donc la patte des deux maîtres, d'une certaine manière, au service d'un scénario de science fiction avec le prodigieux Haley Joel Osment.

Dans un futur proche, Martin, le fils de Monica et Henri, est atteint d'un mal incurable et vit en cryogénisation en attendant la mise au point d'un remède. Alors que les nouvelles vont plutôt mal, Henri est choisi par sa boîte pour être le « testeur » d'un tout nouveau type de robot doté d'une intelligence artificielle révolutionnaire, conçu pour aimer et surtout se faire aimer...

Le film peut se scinder en plusieurs parties. La première prend place dans l'appartement restreint de Monica et Henri, avec l'intégration de David (le robot). Une première heure tout en finesse, d'un impact assez bouleversant, d'une interprétation juste et même au-delà. Les rapports mère-fils qu'entretiennent Frances O'Connor et Haley Joel Osment par leurs rôles et leurs sentiments sont hallucinants de vérité. La mère qui a du mal à se faire à l'idée d'adopter un robot et qui pourtant ne peut repousser l'amour que lui porte cette petite chose tellement humaine, le robot qui a tant d'amour à donner et qui doit faire face à ses différences et au regard des autres. Des rapports qui vont se dégrader et qui ne peuvent mener qu'à la rupture. Ce qui donne place à une deuxième partie, présentant le contexte historique, les sentiments des humains face aux robots, leur utilisation dans la vie de tous les jours, la décadence que cela a entraînée. Une espèce de conte de fées s'installe alors, une quête qu'entame David pour regagner l'amour de sa mère en devenant humain. Et c'est dans cette société futuriste qu'il rencontre la machine à plaisir hyper-stylée qu'incarne Jude Law, à la fois crédible et amusant. C'est dans ce morceau du film que les effets spéciaux commencent à devenir plus présents, pour dessiner les superbes décors de Rouge City notamment. Puis la troisième partie, la dernière demi-heure du film (sur 2h20), avec ses allures de mission to Mars ou de rencontre du troisième type, fait dans le happy end larmoyant. Même un peu trop d'ailleurs. Encore que finir avec des extraterrestres fait un peu figure de hors sujet, comme si c'est tout ce qu'ils avaient trouvé pour faire une fin émouvante.
On reconnaît Kubrick dans le propos, la philosophie, l'oeuvre déchirante et décalée, et Spielberg derrière la caméra, son sens du spectacle, sa constance. Une association plutôt incroyable, livrant un film flirtant avec le prodigieux qui aurait pu « conclure » en gardant une certaine unité tout au long du métrage (la fin est décevante, émouvante mais décevante). D'autre part, Haley Joel Osment et Frances O'Connor mériteraient d'être nommés aux oscars cette année.