7.5/10Black Book

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 02/12/2006
Notre verdict : 7.5/10 - La guerre des sentiments (Fiche technique)

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La guerre et ses complexités. Dans Black Book, son nouveau film six ans après Hollow Man, Paul Verhoeven dresse un tableau dense et intense de la Seconde Guerre mondiale. Une peinture sans concession de l'occupation allemande et des résistants en Hollande à la fin de la guerre. Menée tambours battants pendant 2h25, l'oeuvre n'enregistre aucun temps mort. Le rythme soutenu et la capacité du réalisateur hollandais à retenir l'attention méritent d'être largement applaudis.

Diversité des comportements en temps de guerre


Pour peu que le spectateur s'attache au charme fou de la sensationnelle et très charismatique Carice van Houten, le pari est largement gagné. Au travers de l'histoire de Rachel Stein, jeune Juive qui tente d'échapper aux massacres allemands, on vit la fin de la Seconde Guerre aux Pays-Bas. Verhoeven raconte une histoire de détermination et de combat face à l'horreur et l'impensable. Toujours marquantes, les scènes de fusillades sont filmées sans artifices. Les balles perforent avec férocité des corps innocents. A la différence des représentations manichéennes souvent offertes par les films de guerre américains, le metteur en scène montre la diversité des comportements, aussi bien chez les Allemands que chez les Hollandais résistants. En cette douloureuse période, les manipulations, trahisons et mensonges n'en finissent pas. Beaucoup cachent leurs réelles intentions et l'individualisme de survie est à son paroxysme. Cela se traduit par de nombreux retournements.

Une histoire d'amour peu banale


En proposant une histoire d'amour peu banale entre une femme juive et un officier allemand, Black Book casse de nombreux préjugés. Le couple Ellis de Vries-Ludwig Müntze (Sebastian Koch) apparaît poignant et crédible. Avec lui, Verhoeven met en scène l'importance des corps. Comme dans Basic Instinct et Showgirls, le cinéaste y expose la beauté du sexe. Quelques scènes érotiques de nu font rensentir des sensations de toucher, des odeurs et des couleurs. Le spectateur peut éprouver les peaux, les poils et l'intensité des désirs. Le réalisateur s'attache aussi à la complexité des sentiments et à la force de l'amour. Carice van Houten constitue une récompense à chaque plan. Ses yeux bleus d'une profondeur enchanteresse et la force de vivre qu'elle incarne sont fascinants. Son pouvoir de séduction, au travers de ses regards, ses sourires et gestes, fait sa force. L'émotion et l'atrocité de la guerre atteignent des sommets dans des scènes malsaines où l'héroïne est confrontée à son bourreau ou à la vengeance d'un peuple meurtri (la coulée de matière fécale). Des scènes inoubliables qui ont de quoi faire froid dans le dos et marquer pour longtemps. Tout comme le long métrage.