La 3D au cinéma : pour et contre la révolution !

/ Article - écrit par Guillaume et riffhifi, le 28/03/2011

Tags : cinema pour relief film lunettes films salles

La 3D au cinéma est devenue tendance. A tel point qu'on a du mal à dire s'il s'agit d'un effet de mode, par définition passager et volatile, ou d'une véritable révolution, comme les studios aiment à le dire.
Notre mission était évidente : faire un point évoquant les pours et les contres liés à la 3D au cinéma.


Image: '3D adventures... look inside' .
Depuis un peu plus de deux ans, les films au cinéma se multiplient et se déclinent avec l'ajout d'une dimension virtuelle : la troisième.

La 3D, donc, a été accueillie avec beaucoup de clameurs, puis les jours filant avec de plus en plus de méfiance. Les pros-3D et les antis-3D s'affrontent régulièrement, amicalement, en sortant d'une séance. Les premiers y voient un apport réel au cinéma, les autres une supercherie qui devrait prochainement s'affaisser.

Pourtant, comme me le rapportait Riffhifi l'autre jour, si on a l'impression que la 3D a été inventée l'an dernier, il n'en est rien : les frères Lumière bossaient dessus dès les années 1900, et la mode battait son plein dans les années 50, à l'époque où le cinéma devait "lutter" contre la concurrence nouvelle de la télévision. Le cinémascope a fini par l'emporter en tant qu'argument de vente, en grande partie parce que les gens en avaient marre de mettre des lunettes.
La 3D n'a jamais complètement disparu, elle a même fait un timide come-back dans les années 80, essentiellement pour les films d'horreur. Dans les années 90, Jean-Jacques Annaud a fait un moyen-métrage en Imax 3D, appelé Les ailes du courage, qui passait au Futuroscope et possédait toutes les caractéristiques de la technique actuelle.

Krinein a décidé de faire un point, toujours avec une certaine subjectivité, étant donné que je suis moi-même, Guillaume, dans le camp des convaincus...

Le prix


Image: Money.
Le premier argument massue concerne le prix. Les salles de cinéma n'hésitent pas à faire payer quelques euros supplémentaires le prêt des lunettes 3D. Officiellement, les coûts sont supérieurs. Mais qu'en est-il réellement ?

Il est certain que l'installation d'un projecteur permettant de faire du relief et l'achat de centaines de lunettes, sans compter leur entretien (quand il est existant) n'est pas anodin.

Mais est-ce que le prix du billet de cinéma n'est pas déjà assez cher ? Ne serait-ce pas plutôt une idée évidente que de se servir de la 3D comme idée marketing pour faire venir en salles les spectateurs qui n'y mettent plus les pieds ?

On nous bassine avec le piratage des œuvres, or les TV 3D dans les foyers sont encore rares. On devrait pouvoir facilement retrouver les brebis égarées... Le surcoût répercuté semble donc être un mauvais calcul.

 

L'image


Image : 3D Bokeh.
Les détracteurs affirment souvent que l'image est beaucoup moins bonne en trois dimensions. C'est vrai la plupart du temps. On pense par exemple à Avatar où les couleurs sont bien plus palotes sur la version 3D que sur la version 2D.
On a aussi l'impression d'avoir une résolution moins bonne. Peut-être est-ce vrai ? Mais ayant eu l'occasion de voir des films en Imax 3D, je peux dire que si on a le matériel, on affiche de la qualité. Peut-être la faute n'est-elle donc pas à mettre du côté de la technologie, mais plutôt des équipements.

Ce que l'on peut honnêtement dire, c'est que tous les réalisateurs ne maitrisent pas la mise en relief, et que parfois les résultats sont très mitigés. Même si c'est de plus en plus rare, on a déjà vu des films où la 3D est floue. Oui. Carrément. Dans ce cas, avoir une dimension en plus pour au final moins bien voir... on repassera.

Il y a aussi les réalisateurs qui veulent faire dans le grandiose. Mais la 3D peut parfois être très dérangeante, notamment quand la profondeur de champs est mal calibrée ou exagérée. Quel effort que de devoir parfois aller jusqu'à loucher : ce n'est humainement pas agréable de voir en simultané un plan proche et un plan lointain. L'oeil ne sait où faire la mise au point.

 

Les mouvements


Image : Happy Norouz.
J'en parlais précédemment, les mouvements peuvent parfois générer du flou. C'est très étrange comme sensation : on est à deux mètres, tout est net, et d'un coup le sujet se déplace et il devient flou. Cela s'expliquerait par la vitesse. Mais c'est aussi souvent à cause de la 3D, quand elle est mal calibrée. Pour autant, difficile de faire la part des choses : dernièrement cette sensation semble avoir disparue. Est-ce parce que la technique s'est améliorée, ou bien parce que l'humble humain que je suis s'est habitué ?

 

Tout le monde ne voit pas la 3D


Image : 3D!.
Oui, c'est vrai, et ça on aura du mal à le changer. C'est un gros bémol : sans les lunettes, on voit deux images. Donc impossible de se passer du dispositif. On risque de devoir continuer à avoir deux salles différentes pour le même film, selon si l'on souhaite ou non le relief. Et ça, c'est un gros problème, générateur de surcoût pour les salles, qui peuvent ainsi se cacher derrière cela pour augmenter le prix de la prestation plus hi-tech.

Dès que la techno sera au point, qu'on pourra voir normalement le film en 2D sans chausser les lunettes, alors tout devrait pousser vers une uniformisation des prix. Prions pour que ce soit dans le bon sens.
Mon œil !

 

Les abus

Quand un film est capté avec deux caméras en simultané pour générer la 3D, c'est normal, c'est le principe de base. Mais quand certaines compagnies filment en 2D puis ajoutent grâce à un algorithme informatique la troisième dimension, là on peut rigoler.

La qualité ne peut être aussi bonne, et c'est vraiment vouloir surfer sur la vague que de le proposer... C'est sans doute pour cela que les dessins animés sont maintenant tous, ou presque, en 3D, mais que les films en prise de vue réelle ont du mal à s'y mettre.

 

L'immersion


Image : H2O.
On ne m'ôtera pas de l'idée qu'un film est plus prenant quand il est en 3D. Non pas à cause des effets de manche qui propulsent une balle au visage du spectateur. Non !
Mais plutôt car cela permet plus de réalisme. On perçoit une différence de placement, on cerne mieux où sont les personnages dans l'espace.

Attention, ça ne rend pas le film plus esthétique. Ce serait même plutôt le contraire tant que les réalisateur ne se seront pas appropriés les fondamentaux de cette nouvelle contrainte.

Cela ne rend pas le film meilleur donc, et parfois, pour des raisons de direction artistique, on ne souhaite pas que le rendu soit davantage réaliste. C'est un choix.
Mais on imagine aussi toutes les fois où l'on souhaite que le rendu soit le plus fidèle possible à la réalité, et on applaudit. C'est étonnant d'ailleurs de se dire que pour le moment c'est le dessin animé, nécessairement éloigné du réel, qui l'utilise le plus.

 

Le bond technologique


Image : Saturn V launch!.
Il faut savoir dorloter les nouveautés technologiques. Même si elles ne sont pas parfaites, elles permettent de déboucher sur d'autres avancées. La contrepartie, bien évidemment, c'est qu'il faut s'équiper. Et c'est là que cela devient très difficile.

Une grande télé, déjà indispensable pour profiter des films en full HD coûte au moins un demi millier d'euros. Quand on ajoute la 3D le prix s'envole...

Le bond technologique surprend toujours, et entraîne des débats. Mais si entre 1927 et 1930 le passage du muet au parlant a fait beaucoup parler, que dire de la 3D ?

Ne serait-elle pas le quotidien de demain ? Ce quelque chose en plus qui fera que dans cinquante ans nos enfants auront du mal à regarder un film en 2D, même en couleurs et avec la parole, le trouvant trop vieillot, habitués qu'ils seront à leurs hologrammes ?

 

L'obligation de repenser le cinéma.


Image : Empty seats.
Dans un monde où le blockbuster hollywoodien est le plus générateur d'entrées en salle, alors qu'il est assez régulièrement de piètre qualité, on peut se demander si cette nouvelle technologie ne permettrait pas de repartir sur un pied neuf en bousculant les règles et en obligeant à réinvestir la création.

Peu de chance, les gros studios sont encore les seuls à pouvoir miser massivement sur la 3D...

 

Pour finir

Le mot de la fin est donc plutôt ouvert, même si j'ai pour ma part une tendance forcenée à penser que la 3D s'imposera progressivement. Déjà, avec la sortie de la 3DS de Nintendo, le mouvement s'amplifie...