7/1028 semaines plus tard

/ Critique - écrit par riffhifi, le 02/09/2007
Notre verdict : 7/10 - London calling for help (Fiche technique)

Tags : plus film tard semaines boyle films danny

London calling for help

En 2003, 28 jours plus tard secouait l'image traditionnelle du zombie au cinéma, en présentant des « infectés » rapides et violents aux antipodes des escargots paralytiques auxquels le spectateur était habitué. Mais quatre ans plus tard, soyons honnête, on n'attendait pas grand-chose de cette suite dont le générique ne compte ni le même réalisateur, ni le même scénariste (Danny Boyle et Alex Garland ne sont que producteurs exécutifs), ni les mêmes acteurs. Et pourtant, pourtant...

Six mois après les débuts de « l'épidémie », le Royaume-Uni cesse enfin d'être en quarantaine, et accueille à nouveau les expatriés qui veulent rentrer au bercail. Le pays est désert, mortuaire et traverse une phase de reconstruction pénible sous l'œil vigilant des soldats américains. Mais comme on s'en doute, et selon la formule consacrée, quelque chose a survécu...

Ils courent ils courent, les zombies...
Ils courent ils courent, les zombies...
Visuellement, le film est d'une cohérence indéniable avec son prédécesseur : entre une caméra tressautante plongée au milieu des zombies et la vision glaciale d'un Londres déserté, on est bien dans la continuité de la petite bombe de Danny Boyle, auquel le réalisateur Juan Carlos Fresnadillo n'a rien à envier en termes de narration cinématographique. En ce qui concerne le scénario, pourtant, on navigue plutôt dans les eaux d'un George A. Romero, bien connu pour ses tribulations régulières en territoire mort vivant...
Car finalement, bien qu'il s'agisse d'un film britannique piloté par une escouade espagnole (trois au scénario, un à la réalisation), les influences sont clairement à chercher du côté des deux nations qui ont donné leurs lettres de noblesse au film de zombie : les Etats-Unis et l'Italie. De la deuxième, on retient surtout quelques images, habitées de gore brutal et sale ou d'hélicoptères survolant un paysage post-apocalyptique. Des Etats-Unis en revanche, on ne retrouve pas seulement un hommage à La nuit des morts vivants dans le pré-générique, mais également la thématique chère à Romero (ainsi qu'à Dan O'Bannon dans son Retour des morts vivants) : la menace des zombies est un catalyseur qui déclenche la folie des hommes, et le danger qu'ils représentent est au moins égalé par celui que représentent les militaires armés jusqu'aux dents et régis par une hiérarchie intraitable (voir cette scène atroce où les soldats ouvrent le feu sur une foule paniquée dans laquelle se trouvent quelques infectés).

Les personnages, qui bénéficient d'une épaisseur supérieure à celle généralement observée dans ce type de film, sont incarnés avec justesse par des acteurs d'origine très différentes comme Robert Carlyle (écossais, vu au cinéma dans Trainspotting et The full monty) et Harold Perrineau (américain, vu à la télé dans Oz et Lost). Leur présence n'est pas le moindre atout du film, et habite parfaitement le climat de stress installé par le réalisateur par une alternance classique mais efficace de silence et de bruits saturés. La fin de la séquence pré-générique, montrant le personnage de Robert Carlyle dans son humanité la plus sordide, est à la fois un grand moment d'angoisse et l'occasion de s'interroger sur l'attitude que l'on adopterait à sa place...

28 semaines plus tard clôture donc cet « été des zombies » entamé par Fido et Planète terreur. Bien qu'il n'apporte pas réellement de sang neuf au genre, et bien que moins fun que Planète Terreur, le film de Fresnadillo est d'une efficacité qui vaut le détour. Il s'achève par ailleurs sur une scène vite expédiée mais astucieuse, qui met de bonne humeur l'amateur pervers de film d'horreur...